La France avance à contre-courant : alors que le smartphone règne en maître dans les poches et sur les bureaux, le vieux téléphone fixe continue de sonner dans des millions de foyers. L’arrêt du réseau téléphonique commuté (RTC), entamé dès 2018 avec la fin de la commercialisation des lignes classiques, bouscule des habitudes bien ancrées et force chacun à repenser sa façon de communiquer.
Si nombre d’entreprises et d’administrations persistent à miser sur le téléphone fixe, c’est moins par nostalgie que par nécessité. Le mobile et la VoIP prennent le large, mais la question de la fiabilité, de la sécurité ou même de la praticité d’une simple prise murale n’a pas dit son dernier mot. Les solutions changent, les interrogations restent : que vaut encore le téléphone fixe à l’heure de la fibre et des applications ?
Le téléphone fixe en France : histoire d’un incontournable en pleine mutation
Pendant des décennies, la téléphonie fixe a été le socle de la communication domestique. Chaque foyer possédait sa ligne fixe estampillée France Télécom, reliée à une prise murale et branchée au fameux réseau téléphonique commuté (RTC). Installé dès les années 1970, le réseau cuivre a permis à plusieurs générations de dialoguer à distance, de joindre le médecin ou la mairie, de partager les nouvelles du quartier. La sonnerie claire d’un vieux téléphone gris, la lourde combinée qui passait de main en main, ça ne s’oublie pas.
Mais aujourd’hui, la mutation du réseau téléphonique s’accélère à grande vitesse. Avec la transformation de France Télécom en Orange, c’est tout le paysage de la téléphonie fixe qui se réinvente. Le RTC vit ses derniers instants : la fermeture progressive du réseau cuivre s’étale jusqu’en 2030, secouant le quotidien des utilisateurs qui restent fidèles à leur prise téléphonique. Désormais, la fibre optique et la VoIP prennent le relais, reléguant les lignes classiques à un rôle de figurant.
L’ADSL sur réseau cuivre a offert un sursis au fixe RTC, mais la marche vers le numérique s’impose. Pourtant, la téléphonie fixe garde des atouts : une qualité sonore souvent supérieure, une fiabilité appréciée lors des coupures d’électricité. Même si le réseau téléphonique commuté s’efface peu à peu, il continue d’habiter l’imaginaire, et parfois le salon, des Français.
Qui utilise encore le téléphone fixe aujourd’hui ? Portraits et usages actuels
La ligne fixe n’a pas totalement disparu du paysage. Elle reste présente dans de nombreux foyers, surtout là où le téléphone portable n’a pas tout emporté sur son passage. Son public ? Plus ciblé, mais toujours fidèle.
Chez les seniors, notamment les plus de 70 ans, le téléphone fixe fait figure de repère rassurant. Beaucoup tiennent à leur numéro de téléphone fixe, gage de stabilité et de qualité sonore. L’appareil trône sur un meuble du salon, prêt à servir pour appeler enfants, amis ou médecin. Il permet aussi d’éviter les démarchages téléphoniques sur le portable et de garantir un accès rapide aux services d’urgence.
Dans les zones rurales, où le réseau mobile laisse parfois à désirer, le service téléphone fixe reste vital. Quand la couverture mobile fait défaut, la prise murale assure une fiabilité précieuse, autant pour les particuliers que pour les professionnels, artisans ou commerçants. Les mairies et petites entreprises continuent d’opter pour ce canal fiable lors des démarches administratives ou des appels professionnels.
En ville aussi, la ligne fixe subsiste, souvent en complément du mobile. Elle sert pour des conversations longues, la réception de documents par fax, ou la gestion d’une résidence secondaire. Et puis, il y a l’attachement à un numéro de téléphone fixe, transmis parfois d’une génération à l’autre, qui maintient ce lien avec le passé.
La fin du RTC : quels enjeux et quelles conséquences pour les foyers ?
La fin du RTC ouvre un nouveau chapitre pour la téléphonie fixe française. Le réseau téléphonique commuté, géré par Orange (ex-France Télécom), est en train de tirer sa révérence, avec une extinction totale prévue d’ici 2030. Cette évolution impose une adaptation à tous les utilisateurs.
Bientôt, la prise murale des débuts et le vieux téléphone ne seront plus qu’un souvenir. Les ménages doivent désormais se tourner vers de nouvelles solutions, principalement la fibre optique et les offres de téléphonie sur IP. L’équilibre longtemps assuré par le RTC bascule vers l’internet et la box, ce qui bouleverse surtout les personnes âgées ou les habitants de zones rurales peu équipées.
Des inquiétudes persistent, notamment pour ceux dont l’ADSL sur réseau cuivre n’est pas encore remplacé par la fibre. L’Autorité de régulation des communications surveille la transition pour éviter les ruptures, mais le passage au numérique reste complexe pour une partie de la population.
Voici quelques conséquences concrètes de cette mutation :
- La téléphonie fixe RTC disparaît progressivement, laissant la place à des offres IP plus modernes.
- Certains équipements spécifiques (téléalarmes, fax, terminaux de paiement) doivent être adaptés ou remplacés pour fonctionner avec les nouvelles technologies.
- La fermeture du réseau cuivre demande un accompagnement particulier, notamment pour les usagers isolés.
Ce mouvement de fond transforme l’accès à la ligne fixe et oblige les foyers à repenser leurs usages, leurs équipements, et parfois même leur rapport au téléphone.
Passer au tout numérique : alternatives modernes et conseils pour une transition en douceur
La téléphonie fixe entre dans une nouvelle phase. Avec la disparition progressive du réseau cuivre, il devient nécessaire de choisir la solution la plus adaptée à son contexte. La fibre optique est aujourd’hui le standard, offrant une téléphonie sur IP (ou VoIP), une qualité sonore améliorée et une connexion plus stable, même en cas d’usage intensif d’internet. En la raccordant à une box internet, la ligne fixe garde toute son utilité, en particulier pour les appels professionnels ou pour conserver un numéro de téléphone fixe familier.
Pour ceux qui n’ont pas accès à la fibre, l’ADSL ou les solutions satellites demeurent des alternatives valables. Les opérateurs mettent en avant des forfaits groupés incluant internet, téléphonie et télévision, ce qui simplifie la gestion quotidienne. La VoIP autorise aussi l’utilisation de softphones, des applications à installer sur ordinateur ou smartphone, et donne accès à des fonctions évoluées comme l’enregistrement des conversations ou la gestion multi-lignes.
Quelques recommandations pour réussir sa transition :
- Pensez à la compatibilité de votre matériel : certains vieux téléphones nécessitent un adaptateur pour se brancher à la box.
- Vérifiez que vos dispositifs spécifiques (téléalarme, télésurveillance, fax) fonctionnent bien avec la téléphonie IP.
- Choisissez des offres qui assurent une QoS (qualité de service) élevée et des codecs audio performants pour profiter d’une utilisation qualité sonore irréprochable.
La transition numérique ne se fait pas sans accompagnement : les opérateurs proposent un soutien technique et des conseils personnalisés, notamment lors du passage d’une prise téléphonique classique à une box internet. À la clé, de nouveaux services, des appareils plus intelligents, et une téléphonie domestique qui se réinvente sans vraiment tourner la page du passé.
Bientôt, la sonnerie métallique du vieux combiné ne résonnera plus que dans nos souvenirs. Mais la conversation, elle, n’a jamais été aussi vivante, et les lignes, qu’elles soient de cuivre ou de fibre, continuent de relier les voix et les histoires.


