100 000 euros. Voilà la somme qui, pour chaque enfant, s’efface du radar fiscal lors d’une transmission parentale. Depuis 2012, ce seuil reste figé, insensible à la flambée des prix de l’immobilier. Pourtant, le reste du patrimoine, lui, n’échappe pas à l’impôt : la taxation grimpe de 5 % à 45 % en fonction du montant transmis.
Pour 2025, la réforme fiscale annoncée ne touche pas au barème ni aux seuils concernant la transmission entre parents et enfants. Ce qui change ? Les démarches à accomplir pour certains héritiers : la déclaration et le paiement devraient être plus simples à réaliser. Néanmoins, les donations réalisées dans les quinze années précédant le décès continuent d’entrer dans le calcul de l’abattement.
Comprendre les droits de succession entre parents et enfants : enjeux et principes en 2025
En France, transmettre un patrimoine familial ne se fait pas sans respecter un cadre strict de droits de succession. Le lien de parenté entre la personne décédée et l’héritier détermine la fiscalité qui s’applique. Pour un enfant, la législation réserve un abattement individuel de 100 000 euros, renouvelable tous les quinze ans. Cette franchise s’étend à tout type de biens, qu’il s’agisse de biens immobiliers, d’actions ou d’avoirs bancaires.
Au-delà de ce seuil, la fiscalité s’intensifie : chaque tranche de patrimoine supplémentaire est soumise à des taux progressifs, de 5 % à 45 %. Ce système a été pensé pour répartir la charge de façon graduée. Petite précision : le conjoint survivant et le partenaire de PACS sont totalement exonérés, mais cette exonération ne s’applique pas aux enfants.
Le calcul des droits de succession s’appuie sur la valeur nette des biens transmis, après déduction des dettes éventuelles. Les donations consenties dans les quinze dernières années sont intégrées dans le calcul de l’abattement. Tous les héritiers doivent déposer une déclaration de succession dans les six mois suivant le décès, même s’ils font appel à un notaire. Ce formalisme ne souffre aucune exception.
Quels barèmes et abattements s’appliquent selon le lien de parenté ?
Ici, le lien de parenté joue un rôle déterminant dans le calcul des droits de succession. Pour chaque enfant, la loi prévoit un abattement de 100 000 euros sur la part héritée, à déduire avant toute taxation. Ce seuil s’applique individuellement, peu importe le nombre d’enfants concernés.
Passé ce seuil, le barème progressif s’enclenche. Voici comment se répartissent les tranches d’imposition pour la part taxable :
- 5 % pour la part nette inférieure à 8 072 euros
- 10 % de 8 072 à 12 109 euros
- 15 % de 12 109 à 15 932 euros
- 20 % de 15 932 à 552 324 euros
- 30 % de 552 324 à 902 838 euros
- 40 % de 902 838 à 1 805 677 euros
- 45 % au-delà de 1 805 677 euros
Chaque taux s’applique à la portion du patrimoine qui relève de la tranche correspondante, et non à la totalité. Autre point à retenir : les règles et abattements diffèrent pour d’autres héritiers comme les frères, sœurs ou neveux, qui disposent généralement de conditions moins favorables. La transmission directe entre parents et enfants reste la voie la plus avantageuse en matière de fiscalité successorale.
Calcul du montant à payer : étapes clés et pièges à éviter
Évaluer le montant des droits de succession commence par la détermination précise de la part nette recueillie par chaque enfant. Cela suppose d’établir un inventaire complet du patrimoine transmis : biens immobiliers, comptes bancaires, placements divers. En général, le notaire veille à la rigueur de cette étape et à la conformité de la déclaration.
Une fois la valeur totale fixée, il faut appliquer l’abattement de 100 000 euros par enfant. La partie qui dépasse ce montant est alors soumise au barème progressif par tranche, chaque héritier étant imposé selon ce qu’il reçoit.
Les contrats d’assurance vie requièrent une vigilance particulière. Selon la date de souscription et l’âge du souscripteur lors des versements, ils bénéficient parfois de traitements fiscaux dérogatoires. Avant toute démarche, consultez votre notaire pour savoir si les sommes concernées relèvent ou non des droits de succession classiques.
Un autre écueil fréquent : les donations antérieures. Si le défunt a déjà transmis des biens à ses enfants au cours des quinze dernières années, ces sommes viennent diminuer l’abattement disponible. La déclaration de succession doit donc retracer l’historique des donations récentes pour fixer le montant exact taxable.
Négliger une donation passée, mal évaluer un bien ou oublier de déclarer une assurance vie expose à des pénalités. Les droits de succession doivent être payés dans les six mois suivant le décès, tout retard entraînant des majorations. Pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut anticiper et s’entourer de conseils.
Exemples concrets pour mieux anticiper le coût d’une transmission familiale
Voyons ce que cela donne dans la réalité. Imaginez un enfant recevant une maison de 320 000 euros et un livret de 30 000 euros. Une fois l’abattement de 100 000 euros appliqué, la base taxable tombe à 250 000 euros. Le barème progressif s’applique alors, et la facture fiscale dépasse 40 000 euros. Pour éviter de devoir vendre en urgence, mieux vaut avoir anticipé ce coup de massue.
Comparaison : transmission égalitaire ou donation anticipée ?
Selon la stratégie choisie, l’impact fiscal diffère nettement. Voici deux situations courantes :
- Des parents ont donné 50 000 euros à chacun de leurs deux enfants douze ans avant leur décès. Ce montant vient s’imputer sur l’abattement de 100 000 euros. Résultat : il ne reste plus que 50 000 euros d’abattement disponible par enfant au moment de la succession, le reste du patrimoine étant pleinement taxé.
- Pour une assurance vie, chaque enfant dispose d’un abattement spécifique de 152 500 euros sur les primes versées avant les 70 ans du souscripteur. Si les versements ont été faits après cet âge, seul 30 500 euros sont exonérés, le surplus rejoignant la succession classique.
La législation française offre quelques marges de manœuvre, mais exige de la prévoyance et de la méthode. Choisir entre la donation de son vivant ou la transmission au décès n’est pas anodin : la stratégie doit s’adapter à la structure du patrimoine, à la situation familiale et à l’historique des donations. Anticiper, c’est bien plus que calculer : c’est garantir la sérénité d’une transmission, sans mauvaise surprise le jour venu.


