Droit de succession sur l’assurance vie avant ou après 70 ans

L’assurance-vie est une solution d’épargne très intéressante pour plusieurs raisons. Nous avons énuméré ses principaux actifs dans notre article sur le fonctionnement de l’assurance-vie. L’un des avantages de l’assurance-vie est son imposition avantageuse au moment du transfert de capital au décès du souscripteur avant ou après 70 ans. En effet, le décès du souscripteur (« l’assuré ») entraîne la résiliation du contrat d’assurance vie. Et les « bénéficiaires » désignés (enfants par exemple) du contrat bénéficient alors de déductions fiscales sur le capital transmis, ce qui permet de ne payer aucun droit de succession (détaillé ci-dessous).
Le fonctionnement de l’assurance-vie, et plus particulièrement sa fiscalité, est sujet à confusion. Il faut reconnaître que cet appareil, malgré ses nombreuses qualités, ressemble quelque peu à une usine à gaz. Dans le passé, les règles fiscales ont été modifiées à plusieurs reprises, mais l’assurance-vie reste l’une des les 5 façons de limiter les droits de succession pour mieux les transmettre.
A lire aussi : 1750 brut en net : calculer son salaire en net mensuel (cadre et non cadre)
Clarifions d’abord un premier point : le calcul des droits de succession prend en compte plusieurs paramètres, l’âge au moment des versements sur l’assurance-vie étant le principal.
Date de souscription du contrat | Âge au moment du paiement | Paiement avant le 13/10/1998 | Paiement après 13/10/1998 |
---|---|---|---|
Avant le 20/11/1991 | Peu importe | Exemption | Réduction de 152 500€ par bénéficiaire. Au-delà de cela, un prélèvement de 20%. Puis 31,25 % sur la fraction supérieure à 700 000€ (après abattement). |
Après le 20/11/1991 | Avant 70 ans | Exemption | Réduction de 152 500€ par bénéficiaire. Au-delà de cela, un prélèvement de 20%. Puis 31,25 % sur la fraction supérieure à 700 000€ (après réduction). |
Après le 20/11/1991 | Après 70 ans | Impôt sur les successions après un abattement de 30 500€ (et exonération des plus-values) | Impôt sur les successions après un abattement de 30 500€ (et exonération des plus-values) |
Ainsi, pour les sommes versées avant l’âge de 70 ans, chacun des bénéficiaires bénéficie d’une déduction de 152 500 euros sur le capital transféré par l’intermédiaire de l’assurance-vie au moment de la succession. Alors que les paiements effectués après l’âge de 70 ans de l’abonné n’ont droit qu’à une seule allocation de 30 500 euros , qui doit être partagée par tous les bénéficiaires. L’avantage fiscal de l’assurance-vie en termes de transfert de patrimoine est donc beaucoup plus intéressant pour les paiements effectués avant l’âge de 70 ans, comme nous l’expliquons dans notre article sur l’imposition de l’assurance-vie à la succession.
A lire également : Comment faire pour avoir beaucoup de souffle ?
Cependant, alimenter un contrat d’assurance-vie après l’âge de 70 ans n’est pas sans intérêt. Au contraire, il est possible d’optimiser la succession en tenant compte des spécificités du mode de calcul des droits de succession . Dans cet article, nous expliquons en détail le calcul des droits de succession et les intérêts qu’il peut y avoir à payer sur son assurance vie après l’âge de 70 ans. Nous expliquons également quelle (s) stratégie (s) adopter pour optimiser la taxation de la transmission des contrats d’assurance à vie.
Calcul des droits de succession sur l’assurance vie financée après l’âge de 70 ans
La règle générale : en cas de décès, le capital transmis aux héritiers est imposé par le biais des droits de succession. C’est ça le principe. À titre d’exception à ce principe, l’assurance-vie permet de transmettre aux héritiers « en dehors de l’héritage » en profitant d’allocations . En pratique, nous désignons ceux qui hériteront du capital (les « bénéficiaires ») lors de l’ouverture d’une assurance vie. Mais vous pouvez également modifier la « clause bénéficiaire » à tout moment.
Comme indiqué dans l’introduction, au sujet du calcul des droits de succession (ou de leur exonération), les paiements d’assurance-vie après l’âge de 70 ans du souscripteur ne donnent pas lieu aux mêmes déductions qu’avant l’âge de 70 ans. En effet, les bénéficiaires bénéficient d’un abattement de « seulement » 30 500 euros. Rappelant qu’il s’agit d’une allocation globale pour tous les bénéficiaires (par exemple pour les 2 enfants). Et non pas un abattement individuel comme c’est le cas pour les capitaux transmis par l’intermédiaire d’une assurance-vie financée avant l’âge de 70 ans.
Gains en capital exonérés de droits de succession
Voyons plus en détail comment les droits de succession sont calculés pour les contrats payés après l’âge de 70 ans du souscripteur. Il s’agit de l’article 757 B du Code général des impôts. Nous parlons également des « primes payées après 70 ans ».
L’une des subtilités de la législation est que l’escompte de 30 500 euros ne concerne que la part des paiements (les « primes »). Ainsi, la partie des gains (intérêts et gains en capital) générée sur les paiements après 70 ans et capitalisée sur le contrat n’entre tout simplement pas dans la base imposable au moment de l’héritage !
Cela ne semble pas grand-chose, mais cette disposition fiscale est un véritable atout dont les investisseurs abonnés peuvent profiter pour optimiser leur patrimoine.
Cette méthode de calcul des droits de succession diffère de celle en vigueur pour les paiements effectués avant l’âge de 70 ans. Parce qu’avant l’âge de 70 ans, la déduction de 152 500 euros s’applique à la totalité du capital présent sur le contrat à la date du décès de l’assuré (et non sur le montant du paiements uniquement, de sorte que les gains sont imposables).
Profiter des rabais avant et après 70 ans : un cas pratique
Un point important à savoir est qu’au moment de la succession, les indemnités sur les paiements effectués avant ET après les 70 ans du souscripteur sont cumulables .
Imaginons par exemple le bénéficiaire de 2 contrats d’assurance vie :
- L’un dont les paiements ont été effectués avant les 70 ans du souscripteur : contrat évalué à 160 000 euros ;
- L’autre dont les paiements ont été effectués après les 70 ans du souscripteur : contrat d’une valeur de 90 000 euros (dont 50 000 euros de plus-values). Nous nous mettons dans le cas où le souscripteur n’a désigné qu’un seul bénéficiaire de ses contrats financés après 70 ans.
Il bénéficiera donc à la fois d’une réduction de 152 500 euros sur l’encours du premier contrat à la succession (soit seulement 7 500€ de base imposable). Et une réduction de 30 500 euros sur la partie des paiements sur le deuxième contrat avec exonération des plus-values (soit seulement 9 500€ de base imposable sur le deuxième contrat). Soit un total de plaque imposable de 17 000€ pour 250 000€ transmis.
Tirer parti de l’imposition des gains pour optimiser l’imposition sur la transmission du capital
Dans le cadre d’une stratégie patrimoniale mondiale, les épargnants ont tout intérêt à effectuer des paiements sur leurs contrats avant l’âge de 70 ans afin d’optimiser l’imposition de leur succession .
Ce premier point est relativement évident et connu de nombreux épargnants. Mais ici, nous voulons faire la lumière sur un deuxième point, plus subtil. Dans le cas où l’abonné dispose d’un patrimoine important, il est dans son intérêt de faire en sorte que l’évaluation des contrats financés avant son 70e anniversaire atteigne, mais n’excède pas le montant de 152 500 euros par bénéficiaire .
Alors que la partie du patrimoine au-delà cet abattement aurait alors intérêt à être versé à un autre contrat alimenté après 70 ans. Avec l’ambition de maximiser les performances et les gains sur ces paiements effectués après 70 ans . Ainsi, on profite de l’exonération des droits de succession sur les revenus de ce contrat nourris après 70 ans. Mais la performance ne peut pas être décrétée, alors comment le faites-vous dans la pratique ?
Générer des gains en capital en priorité sur les contrats financés après 70 ans
Si l’épargnant dispose d’une épargne importante et diversifiée, le capital est généralement investi d’une part dans des fonds en euros pour la sécurité, et d’autre part dans des supports dynamiques tels que des fonds d’actions logés en unités de compte (sur une assurance vie multisupport).
Les contrats financés avant 70 ans atteignant le plafond de la réduction de 152 000 euros par bénéficiaire, il est pertinent de financer d’autres contrats après 70 ans et de réserver les plus dynamiques à ces contrats . En effet, le les perspectives de revenus (qui bénéficieront de l’exonération des droits de succession) sont plus importantes sur les médias dynamiques où les épargnants peuvent investir sur un horizon de 10 à 20 ans. De plus, une plage temporelle du même ordre de grandeur que l’espérance de vie à 70 ans qui flirte avec l’âge de 85 ans.
En demandant un rendement du capital de 5 % par an, le capital double en 15 ans environ. Ainsi, un capital initial de 30 000 euros représentera près de 60 000 euros après 15 ans. Si ce capital a été investi par son souscripteur après l’âge de 70 ans, les bénéficiaires bénéficieront pleinement de la réduction de 30 500 euros sur la partie des paiements, et les 30 000 euros de gains capitalisés dans le cadre du contrat jusqu’au décès du souscripteur ne seront pas imposés.
Nous comprenons ici qu’il est donc toujours intéressant de financer un contrat d’assurance-vie après 70 ans, voire 75 ou 80 ans. Seule la partie des paiements après 70 ans au-delà de 30 500 euros sera imposée au succession, mais ce ne sera pas le cas des gains réalisés sur ce capital .
Qu’en est-il des rachats partiels ?
En arrivant à un âge avancé, il est fréquent que le coût de la vie augmente, notamment en cas de perte d’autonomie. Les personnes âgées ont besoin d’aide à la maison et, lorsque la dépendance est trop importante, elles se tournent vers une maison de retraite. Dans ce contexte, les retraités peuvent avoir à effectuer des retraits (« rachats partiels ») sur leur contrat d’assurance-vie pour couvrir leurs dépenses courantes. Dans le cas où le retraité a plusieurs contrats d’assurance-vie, certains financés avant 70 ans et d’autres après, la question se pose de savoir quel contrat puiser en premier.
Pour optimiser leur succession, l’assurance vie des épargnants doit :
- Dans la mesure du possible, envisager des remboursements partiels sur des contrats financés avant l’âge de 70 ans uniquement si les encours dépassent le seuil de 152 500 euros par bénéficiaire,
- Si les encours de les contrats financés avant l’âge de 70 ans ne dépassent pas le seuil de 152 500 euros par bénéficiaire ? Il est préférable de consommer les économies accumulées sur les livrets (et autres investissements sans avantage fiscal pour l’héritage) puis l’assurance vie financée après 70 ans,
- si les contrats en cours financés avant 70 ans ont atteint la barre des 152 500 euros par bénéficiaire ? On peut donc privilégier les contrats alimentés après 70 ans pour investir sur des supports dynamiques (ceux offrant les gains potentiels les plus importants), les gains capitalisés sur ces contrats ne seront pas imposés sur l’héritage.
Ainsi, l’assuré maximise les avantages fiscaux pour sa succession. Cependant, n’oubliez pas que les unités de compte présentent un risque de perte en capital. Vous devez donc y investir à long terme pour atténuer le risque.
Au risque de se répéter, l’idéal est de financer son assurance-vie avant qu’il atteigne l’âge de 70 ans, car la déduction que chacun des bénéficiaires du contrat dont bénéficieront au moment de la succession (152 500 euros) est souvent suffisant pour que l’épargnant ordinaire transmette tout ou partie de son capital à ses héritiers. En effet, pour un couple avec 2 enfants, cela représente 4 x 152 500€ = 610 000€ exonérés de droits de succession.
Note de Ludovic : si le cadre fiscal en matière de droits de succession est le même pour toutes les assurances vie, il n’en va pas de même pour les caractéristiques (fonds en euros, frais de gestion, choix des unités de compte, gestion gérée, etc.) propres à chaque contrat. Nous vous remontons sur le podium dans notre comparaison des meilleures assurances vie du marché afin de trouver un contrat performant adapté à vos objectifs financiers.
Qu’en est-il du PER après 70 ans ?
L’assurance vie n’est pas la seule à marquer l’âge d’imposition de 70 ans. Le Retirement Savings Plan (PER) est un régime d’épargne-retraite récent (lancé en 2019). Le PER a attiré de nombreux épargnants depuis son lancement en raison de ses nombreuses qualités. Nous présentons donc les avantages du PER et les meilleurs PEP du marché dans un article dédié.
L’un des avantages de la PER est la possibilité de déduire les paiements effectués pendant la PER directement de son revenu imposable, réduisant ainsi l’impôt sur le revenu . Ainsi, payer 5 000€ sur PER vous permet de réduire votre impôt sur le revenu de 1 500€ lorsque vous êtes dans la tranche d’imposition marginale de 30%. Dans de nombreux cas, le RAP est fiscalement encore plus attrayant que l’assurance vie.
Dans l’esprit de la loi, les épargnants alimentent leur PER au cours de leur vie active. Ensuite, il consomme l’épargne accumulée (en cas de besoin) pour ses vieux jours, avec une sortie sous forme de rente ou de capital. Au moment des retraits, les paiements précédemment déduits du revenu imposable sont retournés au revenu imposable . En termes d’imposition, le mode d’imposition dépend du type de retrait (rente ou capital), et distingue la part des paiements et la part des gains (voir notre article sur le fonctionnement de la PER pour plus d’informations).
L’avantage du système réside donc dans le fait que les réductions d’impôts consécutives aux paiements représentent autant plus de capital à investir . Ce qui génère des intérêts supplémentaires pendant toute la période d’investissement.
La transmission du PER
Encore plus intéressant : dans le cas où le capital est transmis aux héritiers, les paiements déduits du revenu imposable du souscripteur ne sont pas rétablis dans le revenu imposable des héritiers . Le PER apparaît donc comme un outil intéressant dans le cadre d’une stratégie d’optimisation fiscale, non seulement pour préparer la retraite mais également pour transmettre son patrimoine.
La majeure partie des RIP individuels commercialisés sur le marché sont des RIP d’assurance (il s’agit de RIP gérés par des assureurs). Ces derniers bénéficient d’une fiscalité spéciale en cas de décès de le souscripteur, ce qui n’est pas le cas pour les RIP de comptes titres.
Mais contrairement à l’assurance-vie, c’est l’âge de l’assuré au moment de son décès qui détermine l’imposition du PER assurantiel sur la succession. Et non pas l’âge au moment des paiements. Si l’assuré est âgé de moins de 70 ans au moment de son décès, les bénéficiaires bénéficient d’une réduction de 152 500 euros sur les sommes transmises . Cette réduction est réduite à 30 500€ si l’abonné décède après 70 ans.
Pour la plupart des épargnants, l’intérêt fiscal du PER en termes de transmission de patrimoine réside donc davantage dans le non-rétablissement des paiements déduits du revenu imposable.
Conclusion
En conclusion, il est intéressant de financer un contrat d’assurance-vie à tout âge, même pour les primes payées après 70 ans . Idéalement, nous voulons combiner les avantages de l’assurance vie avant ET après 70 ans. Pour optimiser au mieux, vous pouvez contacter un conseiller en gestion de patrimoine.
De plus, si vous souhaitez affecter une partie de votre patrimoine à des investissements dynamiques, il peut être judicieux de privilégier les contrats alimentés après l’âge de 70 ans. Parce que les perspectives de revenus sont les plus importantes et que ces gains ne seront pas imposés sur la succession.
L’assurance-vie est une solution d’épargne très intéressante pour plusieurs raisons. Nous avons consacré plusieurs articles à cet appareil essentiel pour l’épargnant français, ils peuvent être consultés dans notre section dédiée. Nous vous renvoyons également à notre article sur le fonctionnement de l’assurance-vie pour avoir une vision globale de cet investissement favori des Français.